Hier soir tard,
Presque dans le noir
Je travaille sur une énième idée
Je veux absolument terminer
J’me concentre
Il faut que je me concentre
Par ma fenêtre, je l’ai vue
Au ralenti, elle est apparue
Grande, immense, grande
Elle est impressionnante

J’ai tenté de la feinter
Je l’ignore pour tenter de me reconcentrer
J’ai relu la même phrase cinq fois
J’ai relu la même phrase cinq fois
J’ai relu la même phrase cinq fois
J’ai relu la même phrase cinq fois
J’ai relu la même phrase cinq fois

Rien à faire, je sens son intense regard sur moi
J’ai d’abord essayé de lutter en ouvrant grands mes yeux
Je n’ai pas résisté j’ai dû cligner des yeux un peu …une fois ou deux
« JE T’AI VUE, C’EST BON JE T’AI VUE »
Et puis je l’ai entendue
Sa voix, sa voix… « Mais qu’on la musèle
Je vois bien qu’elle s’amuse, elle »
Elle chante la berceuse de ma grand mère, elle n’a pas le droit
(Le tournesol x2 n’a pas besoin d’une boussole,
ni d’arc en ciel(2) pour se tourner vers le soleil)

Pour ne pas me laisser ensorceler, j’ai frotté un peu mon oeil droit
Je sais qu’elle essaye de me détourner du droit chemin
Concentre toi, concentre toi…enfin
Je vois clair dans son jeu
Je m’étire un peu
Je la fixe, je me redresse, doubout pikan comme un « I »
Elle baille, « retiens-toi, retiens-toi »… je baille aussi
Je baisse la tête je sens qu’elle va gagner
Je pose mon menton sur mon poignet

Et si finalement, je l’accueille?
Je me relève brusquement dans un sursaut d’orgueil
Pour repartir dans la lutte
Ma bouche est devenue pâteuse
Une douce odeur me rend joyeuse
Fumante et délicate infusion de verveine
Travailler, travailler… Je sens ma lutte vaine

Mes paupières sont lourdes
Comme je voudrais être sourde

(Voilà le discours d’un garçon qui mourrait d’amour,
pour une demoiselle qui dormait tout le long du jour)

Ça y est, elle m’a coupé les ailes
Il est temps de répondre à son appel
Qui est à l’appareil?
Elle glisse à mon oreille
Qu’elle s’appelle Elafa
Mme Tiguédant
Elafa Tiguédant
Et la fatigue aidant
Je me suis endormie

Kapress (Alexandra G.L)