“Tout grandit en se changeant en souvenirs.” De Anton Van Wilderode
Intro
Je viens d’avoir un flash. L’an passé nous avions fait Mon papa à moi. Et là je me dis pourquoi ne pas faire Souvenir de papa / Souvenir de maman: évoquer un souvenir avec nos parents…
Coco
On maman sé lò
Je m’en souviens comme si c’était hier. Irma venait de ravager les Iles du Nord. Maria l’avait suivie. J’avais déserté mon appartement de peur et m’étais réfugiée chez mes parents. Je venais de me garer dans le parking de ma résidence quelques jours après le cyclone.
« Coco, c’est ta maman. » La voix de mon père n’annonçait rien de bon. Comment m’annoncer qu’un cancer lui rongeait le sein ?
S’en sont suivis des détestables rendez-vous pour comprendre tout le protocole.
Je l’ai vu affaiblie, triste, inquiète mais je l’ai surtout vu déterminée à rester en vie.
Elle m’a promis qu’elle serait là pour rencontrer mes enfants.
J’ai compris ce jour-là que la vie n’aurait plus la même saveur sans ses 1000 appels par jour, sans pouvoir lui demander par où commencer quand je me sens dépassée.
Je me souviens du jour où j’ai compris cette expression:
On maman sé lò
Kapress
Je suis devenue Maman pour la seconde fois un début de mois d’avril.
J’avais -nous avions- choisi d’accoucher à domicile dès le 4ème mois de
grossesse.
Si nous avions su à quel point ce choix allait devenir judicieux : nous aurions
encore mieux vécu les commentaires de notre entourage. D’ailleurs ils l’ont
reconnus pleinement quelques semaines avant l’accouchement.
L’accouchement s’est super bien passé. Un moment merveilleux : papa a accueilli
bébé dans ses mains pour une rencontre rien que tous les 3.
La grande sœur s’est réveillée 5 min après (réalisant son souhait d’être la
première à rencontrer sa sœur) bien avant la sage-femme arrivée bien plus tard
non sans s’être fait contrôler à l’heure matinale qu’on appelle encore nuit…Au
final, tout était parfait ainsi.
Sauf…
Le confinement…
La mienne de Manman, je la connais et elle me l’avait dit 3 semaines avant
(comme une information) que dans sa tête elle venait squatter la maison une
semaine avant le terme.
Dans son cœur, c’était son rôle de maman de gérer le quotidien avant et après le
moment fatidique et surtout d’être là pour nous et la nouvelle venue.
Mais le confinement!
J’ai tenu un mois…je me suis privée de ma maman que je vois quasi tous les
week-ends surtout dans cette période particulière de maternité.
Un long mois à envoyer des vidéos et des photos sur le téléphone de mon frère
qui vivait heureusement encore chez elle pour qu’elle -ils- puissent découvrir la
nouvelle princesse et garder le lien avec la plus grande et nous. Sans cela je ne
sais pas comment on aurait survécu: ma mère ne maîtrisant pas à l’époque
WhatsApp, internet et n’ayant pas encore accepté nos propositions d’avoir un
smartphone.
Un jour, c’en est trop! En repartant d’un rdv médical pour bébé et moi à Pointe
Noire, on décide de faire le tour de la Basse-Terre pour atterrir à Trois Rivières au
lieu de rentrer directement chez nous à Baie-Mahault en empruntant la Traversée.
Ils ont déjà évoqué l’hypothétique délivrance confinementesque dans quelques
semaines mais ce jour là, je ne peux plus tenir…
L’excitation au fil des kilomètres, une légère culpabilité de « pourquoi je n’ai pas
fait ça plus tôt », le plaisir sadique de la surprendre en craignant qu’elle fasse un
état. L’aventure grisante de braver aussi les interdits en préparant nos excuses
près à dégainer le stylo pour l’attestation.
Quand notre voiture acquise juste avant immobilisation covidienne monte le petit
morne et nous permet de voir les yeux écarquillés de ma maman suivie de mon
frère incrédule, tout cela, laisse place à …juste de l’Amour.
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