Un ancien, une histoire #3 Madeleine

Un Ancien, une Histoire, c’est un pont entre la Guadeloupe et Notre-Dame-des-Landes. Patricia et Dominique nous font découvrir leur commune en recueillant les témoignages de vie d’aînés landais…Dans ce troisième volet, Patricia nous emmène en balade dans la mémoire de Madeleine.

Rencontre avec Madeleine 93 ans, née le 18 avril 1928

Ma première rencontre avec Madeleine fut lors du premier confinement, alors qu’en tant qu’élues de la mairie, Dominique et moi faisions de la distribution de masques pour les administrés de la commune. Nous sommes restées une demi-heure à discuter avec Madeleine. Elle nous a expliqué qu’elle se sentait en manque de compagnie. De plus, sa défaillance visuelle l’incommodait : elle craignait de faire des balades dans son quartier, de peur de tomber. Nous lui avons proposé de passer la voir dès que possible.

Un mercredi du mois de mai, je suis repassée afin de connaître ses disponibilités pour une éventuelle visite : elle a consulté son agenda, car avec tous les intervenants à domicile, elle souhaitait être complètement disponible pour discuter. Nous avons alors pris rendez-vous pour le vendredi suivant. À mon arrivée, Madeleine avait préparé un sac avec des photos de la ville. Elle s’est installée dans son fauteuil, et moi sur une chaise en face d’elle.

« Je suis née à Notre-Dame-Des-Landes, la preuve qu’on y est bien, car j’y suis encore et je ne voudrais pas quitter ma commune. Pour autant, j’ai beaucoup bougé. J’habite dans cette maison depuis bientôt 65 ans. On s’y est installés en 1957.

Quand j’étais enfant, je me rappelle que j’allais à l’école à vélo avec mes petits sabots. Et quand il faisait trop froid ou qu’il y avait de la neige, j’allais à pied. Je me rappelle que les garçons faisaient les fous avec leurs vélos sur le lac gelé. En mon temps l’instituteur était aussi secrétaire de mairie, car à cette époque, il n’y avait pas grand-chose à faire à la mairie.

À mon époque, les diplômes étaient différents et on commençait rapidement à travailler. Mon premier poste a été à Avessac. Il n’y avait pas temps d’année d’études nécessaires pour travailler. Aujourd’hui, pour travailler, c’est plus difficile et les diplômes ont évolué : brevet, bac, licence, master…

Autrefois, le pain était livré deux fois par semaine. Le marchand de poissons passait une fois par semaine, il venait de la Paquelais. Il y avait deux épiceries et un forgeron. Pour régler nos achats, on faisait du troc. Les comptes étaient notés sur les boîtes de fromage kiri. Et souvent, on vendait nos œufs pour régler les factures.

La seule fête du village était la kermesse où chaque quartier présentait son char. La kermesse se déroulait toujours à la Croix Perroche, près du Champ du Moulin. Une fois, il y a eu un char où des pompiers étaient représentés. Pour autant, il n’y avait pas de pompiers à Notre-Dame-Des-Landes. Sur la banderole, il était noté ‘la pompe marche à l’eau et les pompiers marchent au vin’. Une autre année, il y avait un petit train en souvenir de la gare.

À Notre Dame des Landes, le dimanche après la messe les gens se rangeaient par groupe d’âge et faisaient le tour des cafés. Chacun payait sa tournée à tout le monde. À cette époque, il y avait plusieurs cafés à Notre Dame des Landes. »

Madeleine m’a également confié son ressenti sur le confinement ” je vis mal le confinement, car je ne vois presque plus. Du coup, je me sens encore plus isolée. J’ai une prise en charge avec quelqu’un qui vient pour les repas uniquement, car j’ai besoin d’aide. Je souffre de ne plus pouvoir aller me balader. J’aimerais avoir de l’aide pour me promener. Je n’ai qu’une hâte, que tout cela se termine »

Puis Madeleine a fini par me chanter une chanson de sa jeunesse qu’elle aurait elle-même composé.

Si vous avez des questions, ou souhaitez contribuer au projet “Un Ancien, une Histoire” en proposant des témoignages d’anciens, des correspondants etc., contactez Dominique et Patricia à l’adresse suivante cheveuxdargent44130@yahoo.com

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