Un ancien, une histoire #6 Raymond

Un Ancien, une Histoire, c’est un pont entre la Guadeloupe et Notre-Dame-des-Landes. Patricia et Dominique nous font découvrir leur commune en recueillant les témoignages de vie d’aînés landais…Dans ce 6ème épisode, Patricia part à la rencontre de Raymond

Rencontre avec Raymond 90 ans

Raymond : Je suis né le 03 septembre 1931, à Notre Dame des Landes. A cette époque, c’était le maître d’école publique qui était le secrétaire de mairie : il n’avait pas grand-chose à faire à la mairie, à part enregistrer les baptêmes, les naissances, et les enterrements.

J’ai été à l’école St Jean qui était à la place du magasin Ekité. Il y avait 3 classes, dont la classe des petits pour apprendre à lire jusqu’à 11 ans, et la classe du certificat d’études. Nous étions 50 par classe. Chaque classe était divisée en groupe de 10/11, par année de naissance.

Je n’ai pas eu mon certificat. Ma pauvre tête a eu du mal. J’ai été scolarisé à 6 ans. Il fallait savoir faire du vélo pour aller à l’école, alors j’ai commencé par apprendre cela. Je mangeais chez ma tante dans le bourg, et les copains dans les épiceries avec leurs gamelles. Je restais à l’école de 8h à 16h, avec 3 pauses dans la journée : la récré à 10h, la pause déjeuner de 12h à 14h, enfin une pause de 20 minute à 15h. Le jeudi était un jour de repos.

Quand j’étais en première classe…

Patricia : c’est quoi la première classe ?

Raymond : C’était la classe du certificat. Nous faisions deux heures d’étude le soir jusqu’à 18h, tous les soirs sans exception. On avait quand même le temps pour faire des conneries après (sourires). J’ai le souvenir que jamais personne n’était malade.

Plus jeune, je fabriquais le camembert. J’ai commencé à travailler à 17 ans. Tout le moulage du camembert se faisait à la main. Il y avait une laiterie coopérative après le moulin qui faisait du beurre et comptait une vingtaine d’employés. J’y ai travaillé jusqu’à mon départ pour le service militaire. J’ai eu mon permis au service militaire.

A mon retour, je suis devenu chauffeur dans la même boîte, et cela, jusqu’à ma retraite en 1986. La laiterie a fermé en 1966.

Je n’ai pas été marié. J’ai des neveux et des nièces. J’ai toujours vécu à Notre-Dame-des-Landes : je suis né et j’ai vécu à la Brosse, où j’ai acheté ma maison en 1960. J’ai de la famille à la Chevallerais.

Patricia : comment avez-vous vécu le confinement ?

Raymond : Difficilement. J’ai été hospitalisé 5 mois suite à une chute. Je ne pouvais pas faire de radio, car les salles étaient réquisitionnées pour faire face à la crise Covid. Je suis parti en convalescence au Bois Rignoux (établissement accompagnant les patients en soins). Là, j’ai chopé la COVID. J’ai donc été transféré à la Tourmaline (centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle). Je suis resté 5 semaines en isolement. Cela a été très difficile pour moi moralement. Le moral a été détruit, car j’étais coupé du monde, sans visite. J’ai perdu 20 kg. Puis je suis reparti à Tourmaline, où j’ai fait de la rééducation pour réapprendre à mâcher. Je passe mes journées à lire, à faire des mots croisés et de la marche.

Patricia : Avez-vous des choses à me dire sur la commune ?

Raymond : Si vous voulez tout savoir sur mon parcours et la commune, il me faudrait au moins une journée (sourires).

À une époque, j’ai connu 17 cafés à Notre Dame des Landes. Ils avaient tous un commerce accolé : 6 épiceries, le sabotier, 2 tailleurs, 3 forgerons, 4 charpentiers, 3 bouchers. Il y avait de la vie à Notre-Dame-des-Landes.

Notre-Dame n’était pas une commune morte. En ce temps-là il y avait le chemin de fer (St-Malo /Hendaye) frontière de l’Espagne. Tout le commerce se faisait par wagon. Il y avait la foire au mois de décembre, car les agriculteurs vendaient leurs animaux ; essentiellement les bœufs de travail pour ne pas avoir à les nourrir pendant la période de l’hiver.

Aujourd’hui c’est différent… Je suis content de vous voir, car les personnes âgées sont oubliées à Notre-Dame. Je vais vous raconter une histoire : le terrain où est située la salle Cassiopée devait accueillir une maison de retraite. Le terrain avait été donné pour cela, et regarder ce qui a été fait. Où est la maison de retraite ? Je suis déçu.

Hors Covid, tous les jours, on avait une rencontre pour jouer aux cartes et à la pétanque. On faisait de temps en temps un resto. Je fais partie du club des anciens.

Patricia : Avez-vous de l’aide en journée ?

Raymond : J’ai une personne 1h par semaine pour faire un peu de ménage. Je ne souhaite pas plus d’heures, je ne souhaite pas me faire diriger. De plus, il n’y a pas grand-chose à faire, car plusieurs pièces de ma maison sont condamnées. Je fais un peu de lessive. Quand on travaille en laiterie, on fait de la lessive. Du coup, j’ai appris à faire la mienne. J’ai le portage de repas, il me reste plus qu’à réchauffer. J’ai toujours été autonome, mais je n’ai plus la force de faire ces choses seul.

Si vous avez des questions, ou souhaitez contribuer au projet “Un Ancien, une Histoire” en proposant des témoignages d’anciens, des correspondants etc., contactez Dominique et Patricia à l’adresse suivante cheveuxdargent44130@yahoo.com

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