Un Ancien, une Histoire, c’est un pont entre la Guadeloupe et Notre-Dame-des-Landes. Patricia et Dominique nous font découvrir leur commune en recueillant les témoignages de vie d’aînés landais…Dans ce 5ème épisode, Patricia part à la rencontre d’un autre couple tout autant touchant que le précédent.
Rencontre avec Maurice et Paulette, 81 ans et 76 ans
Patricia :
À mon arrivée, Paulette m’attendait. Elle m’avait prévenu que son mari Maurice serait absent. Mais elle a quand même souhaité conserver le rendez-vous. Nous avons discuté pour faire connaissance et j’ai pris quelques notes. Nous avons convenu d’un prochain rendez-vous pour faire un petit debrief ou des ajustements. Nous nous sommes retrouvés courant novembre, et cette fois Maurice était présent. Ma collègue Dominique nous a également rejoint.
Je connaissais Maurice de ma jeunesse, mais nous ne nous fréquentions pas, dû à notre différence d’âge. Nous n’avions pas les mêmes ami(e)s et centres d’intérêt. Nous nous sommes rapprochés au mariage de ma sœur et de son frère : il était mon cavalier lors de la cérémonie. Rapidement nous avons commencé à sortir ensemble. Tout se passait bien, et bien évidemment, on s’est fiancés. Et nous voilà mariés depuis 1967. Après notre mariage, nous avons habité dans le bourg. Puis en 1972, nous avons fait construire. Nous avons eu trois enfants, deux filles et un garçon, ils sont tous dans le coin. Nous sommes grands-parents : nous avons sept petits-enfants et un arrière-petit-enfant.
Paulette : Je suis née le 31 janvier 1945 (76 ans) et mon époux le 11 juin 1940 (81 ans). Nous sommes tous les deux originaires de Notre-Dame-des-Landes. Maurice, il habitait à la ferme rue de la vieille Forge, derrière la Poste. C’est devenu une maison individuelle depuis. J’ai toujours vécu à Notre-Dame-des-Landes. Mes parents avaient une maison dans le bourg et mon mari était à la sortie de la commune. Mon père était charron/charpentier (celui qui fabrique des chariots, des charrettes), il travaillait à son compte. Maman, elle, était femme au foyer. Elle avait une formation de couture. A cette époque les couturières allaient au domicile. Nous étions une fratrie de 7 enfants, Maman avait de quoi s’occuper avec sept enfants.
Paulette : Maurice et moi-même avons fait toute notre scolarité à Notre-Dame-des-Landes, et cela jusqu’à l’obtention de notre certificat d’études. En ce temps-là, il y avait « 3 divisions dans chaque classe ». A Notre-Dame-des-Landes il y avait l’école privée. Il y avait aussi une séparation filles/garçons : pour les filles l’enseignement était fait par une religieuse ; et pour les garçons, l’enseignement était fait par un prêtre et deux instituteurs. L’infirmière de l’école était une religieuse. L’infirmière vivait en communauté avec les autres religieuses de l’école Sainte-Marie. L’école des garçons se trouvait à l’adresse suivante : 3 rue de Nantes, où se trouve à ce jour, la boutique Ekité qui vend des produits naturels en vrac.
A Notre-Dame-des-Landes, en ce qui concerne les repas du midi des écoliers, il n’y avait pas de cantine. Les garçons venaient avec leurs repas. C’étaient souvent des sandwichs. Ils mangeaient dans le bourg chez les familles qui étaient d’accord pour recevoir des écoliers. La plupart de ces familles étaient des commerçants. D’’ailleurs ma grand-mère, qui tenait un café dans le bourg, recevait elle-aussi des garçons. C’était le café BURBAN. Les filles, elles restaient chez les religieuses. La cuisine était faite par une des religieuses.
Maurice : A l’Age de 12 ans, je suis parti en pension pour continuer mes études. Puis, j’ai été scolarisé à Saint Jean-Baptiste de la Salle, à Nantes.
Paulette : Moi, j’ai été à l’école technique de la Salle pour faire une formation. J’ai terminé mes études à l’âge de 16 ans. J’ai fait une formation d’enseignement ménager : cuisine, santé, élevage d’animaux. Puis j’ai eu mon CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) de couture.
Maurice : Tu es bonne couturière.
Paulette : Oui, je suis assez bonne couturière. Le niveau était élevé. J’ai aussi eu mon certificat d’étude officiel (qui est le certificat d’étude religieux). J’ai également le certificat du premier et deuxième degré qui était une spécificité de l’enseignement catholique
« Le certificat d’études primaires (CEP) était un diplôme sanctionnant la fin de l’enseignement primaire élémentaire en France (entre 11 et 13 ans révolus jusqu’en 1936) et attestant ainsi l’acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul mathématiques, histoire-géographie, sciences appliquées). Il a été officiellement supprimé en 1989 » (Sources = Wikipédia).
Maurice : De 1971 à 1977, j’ai été Conseiller Municipal (sports et loisirs dans le parti adverse). A cette époque, j’ai dessiné les plans du terrain de basket, qui est actuellement le « skate park ».
Patricia : Avez-vous quitté Notre-Dame-des-Landes durant votre parcours de couple ?
Maurice et Paulette font partie d’une association des retraités pour la coopération et l’aide au développement pour le Bénin.
Le début de leur l’aventure commence avec un prêtre ouvrier du bâtiment qui souhaitait faire des constructions en Afrique. Il avait gardé contact avec d’anciens collègues retraités de l’industrie.
Maurice : Nous n’avons jamais quitté Notre-Dame-des-Landes, notre terre de naissance, qu’on a défendue ces dernières années. J’ai été co-président de l’ACIPA (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes).
Paulette : Je restais à la maison pour l’éducation des enfants et mon mari travaillait.
Maurice : Je travaillais comme dessinateur industriel (“Dessiner les plans : c’est la principale mission du dessinateur projeteur. Il doit concevoir les plans nécessaires à la construction du bâtiment, en collaboration avec l’architecte. Il lui est demandé de réaliser des plans d’ensemble, mais également des plans de détails. Sources = RegionsJob)
J’ai terminé ma carrière comme ingénieur. J’ai travaillé assez longtemps sur Nantes, et quelques fois sur Saint-Nazaire. J’ai fait la guerre d’Algérie. J’y suis allé contre mon gré et je ne suis pas fier de ce que la France a fait en Algérie. Mon poste pendant la guerre était « la radio ».
Paulette : À Notre-Dame-des-Landes le dimanche, les hommes allaient au café après l’Eglise. Quand on était jeunes, il y avait la foire tous les mois. Les hivers, les agriculteurs pouvaient vendre les animaux, les maquignons étaient là. (Maquignon : marchand de chevaux ou de bestiaux). Chaque commerçant faisait bistrot, certains ouvraient uniquement les jours de foire.
Patricia : Notre entretien terminé, Maurice nous montre des anciennes photos de famille, ,nous parle de sa table de séjour qui a une très belle histoire, et nous fait des éloges sur un centre de table en crochet confectionné par sa défunte maman. Ce dernier attire l’attention de Dominique, qui est elle-même adepte de crochet. Il nous montre aussi une descente de lit tout en crochet, magnifique. Je n’imagine même pas le temps de travail qu’il a fallu pour sa réalisation. Dominique et moi-même sommes ravies de ce petit moment passé avec Maurice et Paulette.
Maurice : Notre but était de récupérer du matériel à remettre en état, pour ensuite l’expédier au Bénin. Au cours de nos voyages, nous avons ramené quelques souvenirs.
Si vous avez des questions, ou souhaitez contribuer au projet “Un Ancien, une Histoire” en proposant des témoignages d’anciens, des correspondants etc., contactez Dominique et Patricia à l’adresse suivante cheveuxdargent44130@yahoo.com
Assistante de Soins en Gérontologie, Conseillère municipale, Membre du CCAS de Notre-Dame-Des-Landes (France Hexagonale)
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